La baleine bleu
- maerinart
- 3 mai 2021
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Dernière mise à jour : 6 févr. 2024

La baleine bleue ou Balaenoptera musculus, appelée aussi rorqual bleu, est une espèce de cétacés de la famille des Balaenopteridae. Pouvant dépasser les 30 mètres de longueur et peser plus de 170 tonnes, c'est le plus gros animal vivant à notre époque et dans l'état actuel des connaissances, le plus gros, excluant évidement les dinosaures, ayant vécu sur Terre.
Long et mince, le corps de la baleine bleue peut prendre diverses teintes de gris-bleuté sur le dos et un peu plus clair en dessous. On dénombre au moins trois sous-espèces distinctes, la Balaenoptera musculus musculus dans l’Atlantique Nord et le Pacifique Nord, la Balaenoptera musculus intermedia de l’océan Antarctique et la Balaenoptera musculus brevicauda découverte dans l’océan Indien et dans le sud de l’océan Pacifique.
Les baleines bleues furent abondantes dans presque tous les océans avant le début du 20ème siècle. Pendant près de quarante ans, elles furent chassées par les baleiniers qui ont amené l'espèce au bord de l'extinction. Elles ne furent protégées par la communauté internationale qu’en 1966.
Un rapport de 2002 estimait qu’il y avait entre 5 000 et 12 000 baleines bleues à travers le monde, localisées dans au moins cinq groupes. En 2018, l'IUCN estime la population entre 5 000 et 15 000 individus. Des études plus récentes sur la sous-espèce Balaenoptera musculus brevicauda suggèrent qu’il pourrait s’agir d’une sous-estimation. Avant la chasse industrielle à la baleine, la plus forte population se trouvait dans l’Atlantique, en comptait approximativement 240 000 individus. L’espèce est maintenant classée en danger d'extinction par l'UICN.
On pense que la famille des Balaenopteridae a divergé des autres familles du sous-ordre des Mysticeti au cours de l’oligocène. Cependant on ne sait pas quand les différents membres de cette famille divergèrent les uns des autres. La baleine bleue est actuellement classée parmi les sept espèces de baleines du genre Balaenoptera ; certains la placent dans le genre à part Sibbaldus, mais ce choix ne fait pas l’unanimité. L’analyse de sa séquence génomique indique que la baleine bleue est, du point de vue phylogénétique, plus proche de la baleine à bosse, Megaptera, et de la baleine grise, Eschrichtius, que d’autres espèces du genre Balaenoptera. Si des recherches plus approfondies confirment ces analyses, il sera nécessaire de revoir la classification des rorquals.
La baleine bleue adulte, à un long corps effilé. Sa tête est plate et a la forme d’un U. Une crête médiane se dessine entre ses évents, les orifices lui permettant de respirer, et l’extrémité de sa mâchoire supérieure. Sa bouche est remplie de plus de 300 fanons d’environ un mètre de long, ceux-ci sont de couleur noire et pendent de sa mâchoire supérieure, ainsi ils reviennent d’environ 0,5 mètre à l’intérieur de sa gueule.
Entre 60 et 90 sillons, aussi appelées plis ventraux, longent sa gorge parallèlement au corps. Ces plis facilitent l’évacuation d’eau de la bouche après la prise de nourriture. Elle possède une petite nageoire dorsale, visible seulement et brièvement lors de certaines séquences de plongée. Cette nageoire dorsale s’étend sur environ les trois quarts du corps de l’animal, sa forme varie d’un individu à l’autre ; chez certains elle se présente comme une bosse presque imperceptible, mais chez d’autres elle est proéminente et falciforme, soit en forme de croissant ou de faucille.
Quand elle fait surface pour respirer, la baleine bleue élève ses évents hors de l’eau avec une très grande ampleur. Cette caractéristique peut être utilisée pour la différencier des autres espèces en mer. L'eau soulevée par l'air qu'elle expire après une plongée atteint généralement les 9 mètres, mais peut aller jusqu’à 12 mètres, ce jet d’eau peut être vue de loin par temps calme. Les baleines bleues ont des évents jumeaux, protégés par un repli de fibres graisseuses.
Ses nageoires mesurent entre trois et quatre mètres. Les faces supérieures en sont grises avec une mince bordure blanche et les faces inférieures en sont blanches. Sa tête et sa queue sont généralement uniformément grises. La partie supérieure de la baleine, et parfois les nageoires, sont généralement tachetées. L’importance de ces taches varie significativement d’un individu à l’autre. Certaines peuvent être de couleur uniformément gris-ardoise quand d’autres montrent des variations importantes de bleus foncés, gris et noirs dans un motif tacheté.
Les baleines bleues peuvent atteindre une vitesse de 50 km/h lors de courtes accélérations, notamment lors d’ébats avec d’autres baleines, mais leur vitesse de croisière est de 20 km/h. Quand elles se nourrissent, elles ralentissent à 5 km/h.
Anatomie et physiologie
La tête de la baleine bleue est particulièrement large par rapport à celle d'autres espèces de baleines, par ailleurs sa tête représente pratiquement un quart de la longueur totale de la baleine. Celle-ci possède entre 63 et 65 vertèbres, réparties en 7 cervicales, 15 à 16 dorsales, 14 à 16 lombaires et 26 à 28 sacrées. Elle possède également 15 paires de côtes dont une seule s'articule sur le sternum.
Après six à vingt respirations à la surface au cours d'une période de une à cinq minutes, les baleines bleues plongent généralement pour cinq à quinze minutes, voire parfois plus. Ainsi, la plus longue plongée enregistrée est de trente-six minutes. La plongée la plus profonde a été enregistrée à 204 m. À l'instar d'autres mammifères marins plongeurs, la baleine bleue peut prolonger la durée de ses plongées aérobies en profitant de la flottabilité négative caractéristique des grandes profondeurs9.
Le corps de la baleine bleue est recouvert d'une épaisse couche de graisse de 5 à 30 cm, suivant la période de l'année, celle-ci joue un rôle dans la régulation de sa température corporelle. Cette graisse constitue également une réserve d'énergie mobilisable durant la migration des baleines, période où elles se nourrissent peu. Au total, la graisse d'une baleine bleue peut atteindre une masse de 50 tonnes.

La baleine bleue vit généralement seule ou avec un autre individu. On ne sait pas si celles qui voyagent en paire restent ensemble pour de longues périodes ou si elles forment seulement des relations passagères. Dans des lieux dans lesquels on trouve une forte concentration de nourriture on a pu voir jusqu’à 50 baleines bleues regroupées dans une aire réduite. Cependant elles ne forment pas de grands groupes structurés comme on peut le voir chez d’autres espèces de baleines.
Les baleines passent l’été dans les hautes latitudes, plus fraîches, où elles se nourrissent des eaux abondantes en krill ; elles passent l’hiver dans des eaux plus chaudes à des latitudes moins importantes, où elles se reproduisent et mettent bas. Au cours de la migration, elles ne s'alimentent quasiment pas et mobilisent près de la moitié de leurs réserves corporelles, qui représentent elles-mêmes 70 % de leur masse corporelle avant le départ. Dans les eaux tempérées où le krill est peu abondant elles consomment jusqu'à dix fois moins de nourriture par jour. La migration vise principalement à faire naître le baleineau, qui n'a pas à la naissance une protection thermique aussi efficace que celle de l'adulte, dans des eaux suffisamment chaudes.
La baleine bleue se nourrit presque exclusivement de krill, bien qu’elle consomme également des copépodes, mais dans des proportions moindres. Les espèces d'euphausiacés consommées par la baleine bleue varient d’un océan à l’autre.
Une baleine bleue adulte peut ingurgiter quarante millions d'euphausiacés en une journée. Elles se nourrissent toujours dans des zones où la concentration de krill est la plus importante, consommant parfois plus de 3 600 kg de krill en une seule journée. Cela signifie qu’elles se nourrissent à une profondeur supérieure à cent mètres la journée et seulement en surface la nuit. La durée de plongée est généralement de dix minutes durant la phase d’alimentation, bien que les plongées de vingt minutes soient communes. La baleine se nourrit en se précipitant sur des bancs de krill, engloutissant les crustacés ainsi qu’une grande quantité d’eau. Dans sa gueule, l’eau est ensuite filtrée à travers les fanons par une pression provenant de la poche ventrale et de la langue. Le krill, incapable quant à lui de passer à travers les fanons, est alors avalé. La baleine bleue consomme au passage des petits poissons, des crustacés et des calmars pris avec le krill.
La période de reproduction commence à la fin de l’automne et se poursuit jusqu’à la fin de l’hiver. Les femelles donnent généralement naissance à un baleineau une fois tous les deux à trois ans au début de l’hiver, après une gestation allant de dix à douze mois. Les baleineaux pèsent environ deux tonnes et demie pour une longueur d’environ 7 m. Le petits boivent entre 380 et 570 litres de lait par jour et grossissent très rapidement : ils peuvent prendre 90 kg par jour. Le sevrage a lieu après sept à neuf mois, alors que le baleineau a doublé de longueur. Les baleines, mâles et femelles, atteignent leur maturité sexuelle entre cinq et quinze ans. Dans l'hémisphère Nord, les femelles mesurent entre 21 et 23 m et les mâles entre 20 et 21 m. Les individus de l'hémisphère sud sont légèrement plus grands, les femelles mesurant de 23 à 24 m et les mâles 22 m.
Les scientifiques estiment que les baleines bleues ont une longévité d’au moins 80 ans. Toutefois, puisque les enregistrements individuels ne remontent pas au-delà de l’ère de la chasse à la baleine, cela ne sera pas connu avec précision avant de nombreuses années. L’enregistrement le plus long d’un individu est de 34 ans, dans le nord-est du Pacifique. Les seuls prédateurs naturels des baleines sont les orques, des études rendent compte que dans la mer de Cortez, 25 % des baleines bleues adultes ont des cicatrices résultant d’attaques d’orques. Le taux de mortalité lié à ces attaques est cependant inconnu.
Des estimations réalisées par Cummings et Thompson en 1971 suggèrent que les sons émis par la baleine bleue oscillent entre 155 et 188 décibels. Tous les groupes de baleines bleues font des appels d’une fréquence de base variant entre dix et quarante hertz, alors que la plus faible fréquence perceptible par l’homme est généralement de vingt hertz. Les appels de la baleine bleue durent entre dix et trente secondes. De plus on a enregistré des baleines bleues au large du Sri Lanka réalisant des chants sous la forme de répétitions de quatre notes durant environ deux minutes chacune. Ce phénomène n’ayant jamais été observé dans d’autres populations, cela pourrait être unique à la sous-espèce B. m. brevicauda.
On connait assez mal le véritable rôle de ces vocalisations. Certains évoquent en 1995 six raisons possibles, la première serait de maintenir une distance inter-individu, il pourrait aussi servir à identifier l’espèce et l’individu ou à transmettre des informations, tel que la localisation de nourriture, ou une alerte. Ce pourrait être de raison sociale, comme un appel entre mâles et femelles, la baleine pourrait aussi s’en servir comme d’une localisation topographique, un peu comme un radar.
Dans les zones de trafic maritime, les infrasons des chants de cétacés peuvent être pollués, par le bruit des navires ou autres interventions de l’homme. Pour pouvoir néanmoins capter et reconnaitre ces chants dans le cadre des inventaires naturalistes un logiciel basé sur un processus similaire à ceux utilisés en imagerie a été mis au point au sein de l'Université du Québec, afin d’éliminé tous les fonds sonores polluant ces chants.
Autrefois, le rorqual bleu fréquentait toutes les mers et océans du globe. La plus importante concentration de ses effectifs se trouvait dans l'Atlantique. Mais ses effectifs ont tellement été décimés par la chasse que les groupes restant sont principalement situés dans le nord-est du Pacifique, dans l'Atlantique Nord au large du Groenland et de Terre-Neuve, au large de la Nouvelle-Écosse, dans le golfe du Saint-Laurent, en Islande, au Svalbard. Une sous-espèce fréquente le Pacifique depuis l'Alaska jusqu'au Costa Rica, deux autres sous-espèces de baleines bleues de l'Antarctique évoluent au sud de Madagascar et dans le nord de l'océan Indien, et quelques populations ont été vues au sud du Chili, au large du Pérou et à l'ouest de l'Australie. Elles évoluent à une profondeur supérieure à 100 mètres en journée.
Depuis l’interdiction de la chasse, les études n’ont pas permis de déterminer si la population totale de baleines bleues est stable ou en augmentation. Dans l’Antarctique, les meilleures estimations montrent une augmentation significative de 7,3 % par an depuis la fin de la chasse illégale par l’URSS, mais le nombre de baleines reste au-dessous de 1 % des niveaux originels. On suggère également que les populations islandaises et californiennes augmentent, mais cette augmentation n’est pas statistiquement significative. La population mondiale totale était estimée entre 5 000 et 12 000 individus en 2002, bien qu’il y ait un fort degré d’incertitude dans les estimations disponibles pour de nombreuses zones. En 2018, l'IUCN estime la population entre 5 000 et 15 000 individus. La baleine bleue reste classée parmi les espèces animales dites « en danger » dans la liste rouge de l'UICN des espèces menacées, et il en est ainsi depuis la création de la liste.
La plus grande concentration de baleines connue, un groupe de 2 000 individus, est la population du nord-est du Pacifique leur aire de distribution s’étale de l’Alaska au Costa Rica, mais elles sont le plus souvent aperçue au large de la Californie durant l’été. Cette population s’égare occasionnellement au nord-ouest du Pacifique ; quelques rares individus ont été aperçus entre le Kamtchatka et le nord du Japon.
Les efforts pour recenser la population de baleines bleues avec une plus grande précision sont appuyés par des mammalogistes marins à l’université Duke qui maintiennent le système OBIS-SEAMAP (Ocean Biogeographic Information System - Spatial Ecological Analysis of Megavertebrate Populations), un recueil de données recensant les apparitions de mammifères marins rassemblant des informations de 130 sources.

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La population de baleines bleues a connu un déclin spectaculaire à cause de la pêche commerciale. Les baleines bleues ne sont pas faciles à tuer ou capturer. Leur vitesse et leur puissance en faisaient une cible peu privilégiée pour les premiers baleiniers qui préféraient s’attaquer aux cachalots et aux baleines franches. En 1864, le norvégien Svend Foyn équipa un bateau à vapeur avec des harpons spécialement conçus pour chasser de grosses baleines. Initialement peu commode et peu efficace, le canon-harpon fut amélioré par Foyn et bientôt plusieurs stations de chasse de baleines furent établies sur la côte du Finnmark, au nord de la Norvège. À la suite de conflits avec les pêcheurs locaux, le gouvernement norvégien prit la décision d'interdire la chasse à la baleine sur son territoire et ces stations furent fermées.
Les baleines bleues furent bientôt chassées en Islande en 1883, aux îles Féroé en 1894, à Terre-Neuve en 1898 et au Spitzberg en 1903. En 1904-1905 les premières baleines bleues furent tuées au large de la Géorgie du Sud. En 1925, avec les avancées importantes dans la conception des navires usines, et l’utilisation de bateaux à vapeur, les prises de baleines bleues, et de baleines en général, augmentèrent de façon spectaculaire dans l’Antarctique et le subantarctique. Entre 1930 et 1931, ces bateaux tuèrent 29 400 baleines bleues rien que dans l’Antarctique. À la fin de la Seconde Guerre mondiale les populations avaient très fortement diminué, et en 1946 les premiers quotas posant des restrictions sur le commerce international de baleines furent introduits, mais ils furent inefficaces du fait du manque de différenciation entre les espèces. Les espèces rares pouvaient être chassées de la même façon que celles qui étaient encore relativement abondantes. La chasse de la baleine bleue fut interdite dans les années 1960 par la Commission baleinière internationale, et la chasse illégale pratiquée par l’URSS prit fin dans les années 1970, date à laquelle 330 000 baleines bleues avaient été tuées dans l’Antarctique, 33 000 dans le reste de l’hémisphère sud, 8 200 dans le Pacifique Nord et 7 000 dans l’Atlantique Nord. La population la plus importante à l’origine, dans l’Antarctique, avait été réduite à 0,15 % de la population initiale. La baleine bleue a clairement été menée au bord de l'extinction par la chasse. Son rythme de reproduction lent d'une gestation d'un an et la faible taille des portées d'un ou deux baleineaux font que la reprise de la croissance de la population est lente.
Du fait de leur taille, leur puissance et leur vitesse, les baleines bleues adultes n’ont pas réellement de prédateur naturel. Il existe toutefois un cas, avéré dans le National Geographic, d’une baleine bleue attaquée par des orques. Bien que les orques soient incapables de tuer l’animal directement durant l’attaque, la baleine souffrait de graves blessures et est probablement morte peu de temps après. Il existe également une mortalité naturelle liée aux glaces transportées au printemps et à l'automne par le vent ou le courant. Des études sur les baleines bleues au large de Terre-Neuve ont montré que de nombreux individus avaient des cicatrices sur le dos, témoins de ce genre de blessures.
Les baleines bleues peuvent être blessées, parfois mortellement, après être entrées en collision avec un navire, ou être piégées ou étouffées dans des filets de pêches. L’augmentation toujours croissante de bruit dans les océans, en couvrant les sons émis par les baleines, peut rendre la communication entre animaux plus difficile. La menace humaine pour une éventuelle recrudescence du nombre de baleines bleues provient également de l’accumulation de polychlorobiphényle dans le corps des baleines.
Le réchauffement climatique provoque la fonte des glaciers et du permafrost et permet à de grandes quantités d’eau douce de se déverser dans les océans. On peut s’inquiéter des effets de cet afflux d’eau douce sur la circulation thermohaline. En considérant les modes migratoires de la baleine bleue qui sont principalement basés sur la température des océans, un dysfonctionnement de cette circulation qui fait se déplacer eau chaude et eau froide autour de la terre devrait perturber les migrations des baleines. Le changement de la température des océans devrait également modifier l’approvisionnement de la baleine en nourriture. La tendance du réchauffement et de la salinité décroissante devrait engendrer de sérieux changements dans la localisation du krill et son abondance.
Petite anecdote, les Thuléens qui sont les premiers habitants de l'Arctique et les ancêtres des Inuits actuels, utilisaient parfois des ossements de baleine en guise d'armature de leurs abris saisonniers, qu'ils recouvraient ensuite de peaux de caribou, de phoque ou de bœuf musqué.
Sources internet.
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