🧜🏻♀️ Les origines de la Sirène - Une Sirène Préhistorique ? 🧜🏻♀️
- maerinart
- 8 janv. 2022
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 févr. 2024

©Maerin-Art, Une Sirène Préhistorique ?, 2021
Bonjour à tous et à toutes, bienvenue sur mon premier article mythologique qui je pense sera le plus important que je n’ai jamais écrit !
Il marque pour moi un tournant important dans ma vie et est le début d’une nouvelle aventure directement en lien avec ma chaine YouTube. Si tout se passe bien la vidéo et l’article devraient sortir en même temps, à chaque fois. Sur ce, place à l’article !
Aujourd'hui je vais vous parler d'un sujet qui comme vous vous en êtes surement rendu compte me passionne et me tiens particulièrement à cœur. Le Mythe de la Sirène !
Cet article est le premier d'une plus grande série que prévu, car je ne croyais pas trouver autant de choses sur le sujet. J'avoue j'ai un peu sous-estimé l'impact qu'a eut cette créature fabuleuse sur le monde mythologique et même de nos jour.
Sur ce place à la première partie de cette Longue série avec peu être une Sirène Préhistorique qui sait ?
Sommaire.
I. Définition.
II. Une Sirène Préhistorique ?

©Maerin-Art, Collection Marmay 2020
I. Définition.
Commençons par le commencement, tout d'abord une Sirène qu'est-ce que c'est ? Et bien d’après le Larousse, dans la Mythologie elle serait un démon marin femelle, représenté sous la forme d’un oiseau ou d’un poisson avec une tête ou un torse de femme et dont les chants séducteurs provoqueraient les naufrages.
II. Une Sirène Préhistorique ?
Maintenant que l’on sait à peut prêt ce que c’est, la première question à se poser est de quand date la première Sirène ? Quand est-elle apparue ?
Et bien on sait déjà qu’il existe deux types de Sirènes, la femme mi-oiseau, datant de la Grèce antique et qui s’étend jusqu’au Moyen-âge et la femme mi-poisson qui apparait vers le Moyen-âge et qui perdurera jusqu’à nos jours.
Mais et avant ?
Et bien, je savais que dans l’art rupestre qu’il existait des représentations peintes d’êtres hybrides, alors je me suis naturellement demandé s’il n’existait pas d’être mi-oiseau et mi-poisson. Au cours de mes recherches je suis directement tombé sur une fabuleuse photo d’une peinture rupestre représentant des êtres mi-poissons nageant avec ce qui pourrait être d’immenses « baleines » et des « dauphins ».

©Mermaid The Body Found, Animal Planet, 2011
Et la je me dis « Wouah !! ». Mais dans un coin de ma tête je me dis, c’est bizarre quand même qu’aucun de mes professeurs que ce soit en histoire de l’art ou en archéologie n’en ai jamais parlés. C’est quand même une énorme fresque en parfait état de conservation avec pour thème, le monde aquatique et les sirènes. C’était une découverte trop énorme pour que ce soit vrai, surtout en sachant qu’il n’existe que deux grottes dans le monde abordant le thème aquatique.
Vue générale © M. Olive - MCC DRAC PACA SRA
Les pingouins : ©DRAC Paca - SRA / Luc Vanrell 2000-2011
Les Méduses : © MINISTÈRE DE LA CULTURE
Gravure de phoque seul : Trouvé sur Pinterest
Le bouquetin gravé Bq4, suivi du phoque : © Photo Jean Clottes
La grotte sous-marine de Cosquer qui est située dans les Calanques, près de Marseille, au cap Morgiou. Elle est accessible par un tunnel long de 150 mètres dont l'entrée est à 35 mètres de fond. Unique au monde, cette grotte sous-marine abrite plusieurs dizaines d'œuvres peintes et gravées qui seraient datées de -27 000 à -19 000 ans avant J-C.
Dans les grottes ornées du paléolithiques, les animaux marins sont très rarement représentés. Dans la grotte Cosquer, ils constituent une part non négligeable de l'effectif total des figures. Pingouins, phoques, poissons et divers signes pouvant évoquer des méduses ou des poulpes ont été dessinés ou gravés dans la roche. C'est la première fois que des pingouins sont figurés dans l'art quaternaire, bien que des ossements de Grands Pingouins Alca Impennis aient été signalés dans plusieurs habitats méditerranéens du Paléolithique supérieur ; Gibraltar, Italie du Sud, Golfe de Gènes. Il s'agit probablement du "grand pingouin", encore très répandu dans l'Atlantique nord au XIXe siècle, mais massacré par les marins et les pêcheurs pour sa chair comestible.

©Pauline et Phillipe de Flers, Jean-Loïc le Quellec
Le deuxième site, le plateau de Gilf-Kebir, se situe dans le désert libyque à l’ouest de l’Egypte le long de la frontière libyenne. L’art rupestre apparait dans cette région vers 9000 av. J-C avec de multiples représentations de mains en négatif, en 8000 av. J-C apparaissent les premières gravures, mais c’est vers 4500 av. J-C que les peintures des nageurs et autres figures animales du site apparaissent.
©Pauline et Phillipe de Flers, Jean-Loïc le Quellec
Les petits nageurs sont sur la page de Wikipédia
Sur ce plateau on retrouve donc un massif montagneux composé de deux cavités, la grotte des archers et la grotte des nageurs qui nous intéresse ici. Elle a été découverte en 1933 par un explorateur hongrois László Almàsy, elle fut beaucoup exploitée dans les années qui suivirent dans le tourisme ce qui a fortement mis en péril les peintures. Elle est maintenant interdite d’accès au public afin de préserver les figures présentes.
On retrouve donc des figures de divers animaux, tel que des girafes, des gazelles, des mouflons, des chiens, des antilopes, des autruches, toutes sortes de bovidés, ovins et caprins de l’époque qui sont représenté en masse et assez commune.

©Pauline et Phillipe de Flers, Jean-Loïc le Quellec
Mais l’on retrouve dans la cave des nageurs, comme son nom l’indique des représentations humaines, ils ont une tête généralement ronde, un corps de couleur ocre pour la plupart ballonné et déformé, les bras étendus parallèlement devant eux et les jambes en extension souvent terminées par des pieds tournés en sens inverse. Ils nagent pour la plupart vers une bête hors norme toujours représenté sans tête. Elle n’est ni bête ni humaine, ses pattes varient de deux à quatre souvent distordues, et parfois terminées par des sabots bisulques ou des griffes. Elle possède également une queue souvent redressée et terminé en pointe. Sur certaines bêtes et nageurs on peu aussi distinguer des quadrillages plus clairs qui pourraient être des filets.

©Pauline et Phillipe de Flers, Jean-Loïc le Quellec
Certains chercheurs et archéologues supposent que ces représentations pourraient être liés à d’anciens culte funéraire. Les anciens textes funéraires égyptiens valorisés le monde des grottes, elles étaient décrites comme séjour des morts à la fois aquatique et lié aux profondeurs de la terre. Les textes sur les sarcophages nous apprennent que les morts résidés dans ces grottes, gardé par Anubis. Le livre des cavernes précise également le caractère sacré de ces lieux, passages obligés vers l’autre monde. Les nageurs évolueraient donc dans le royaume des morts appelé aussi le « Noun », nom de l’océan primordial. Beaucoup de textes funéraires parle du « Noun », à la fois chthônien et aquatique. Les défunts nommés « nni.w » que l’on pourrait traduire par : défunts, noyés, dérivants, flottants, nageurs, essaieraient d’évoluer tant bien que mal dans ce monde infernal.
« Ô vous les noyés, sombrés dans le Noun, dont les bras sont à la hauteur du visage ; ô vous dont le visage est renversé dans l’autre monde, dont les vertèbres sont dans l’eau ; ô vous qui flottez sur le Noun, comme des personnes étendues sur le dos… que le souffle anime vos âmes (…) Que vos bras fassent des mouvements de natations (…) Ô vous qui êtes dans le Noun, vous les noyés. »
Il existe ainsi un autre mythe décrit entre autres sur les sarcophages et le « Livre des morts », parlant du jugement des défunt. Celui-ci serait mené par un monstre composite, humain-crocodile-lion-hippopotame désigné comme « l’Avaleur ». Il existerait une formule qui permettrait de ne pas se faire dévorer, « Ton nom est Dévoreur… Ne me mange pas ! »
Ainsi on retrouve aussi des écrits liés aux filets, ils seraient utilisés par des êtres cynocéphales pour pêcher les mauvais esprits-nageurs. Il existerait là aussi une formule à dire à ces êtres afin de leur prouver que votre âme est bonne « Vous pêcheurs de nni.w, ne me prenais pas dans ce filet qui est le vôtre, vous prenez les morts affalés…)
Ces passages bien plus tardifs pourraient avoir été transmis depuis des générations par les civilisations antérieures, et auraient pu être le début de ces mythes funéraires.
En bref si on avait découvert une grotte ornée de sirènes on en aurait forcément parlé en classe ou dans les médias, ça aurait été une découverte folle ! Imaginez donc ma déception quand j’ai découvert que j’avais raison sur la véracité de cette œuvre. En effet en regardant une vidéo de « Claire la sirène » sur les sirènes préhistorique et bien elle était remontée jusqu’au créateur de cette photo. Il s’agissait d’une reconstitution pour un film américain qui se disait un documentaire fictif sur les sirènes, de la compagnie Animal Planet. Je vous invite d’ailleurs à visionner ces deux vidéos.
Soit, si dans cette seconde grotte les nageurs ne sont pas liés aux mythes des sirènes l’idée de lier le monde marin à la mort est bien présent. Cependant les premières sirènes étaient représentées comme des femmes oiseaux et dans les représentations préhistoriques on peut retrouver plus fréquemment des êtres hybrides mi-homme mi-animal, en archéologie on appelle cela la « Thérianthropie ».
Le dieu cornu de la grotte des Trois-Frères (Ariège) et son relevé par l’Abbé Breuil
Il existe dans l’art pariétal des êtres chimériques, c’est le cas pour deux êtres que je vais vous présenter ici. Le premier est surnommé « le dieu cornu », qui a été découvert en Ariège dans la grotte des Trois frères. Celle-ci fut découverte le 21 juillet 1914, par les trois fils du comte Henri Bégouën. Elle serait datée du Paléolithique supérieur, soit environ -17 000 à -12 000 avant notre ère, soit plus précisément du Magdalénien. La figure du « dieu cornu » se trouve dans la « salle du sanctuaire» à plus de 400m de l’entrée. Il est sûrement la représentation la plus connue de Thérianthropie.
La base de son corps pourrait être un homme car il se tient sur ses deux membres inférieurs qui se terminent par des pieds humains, de plus celui-ci possède deux bras humains terminés par des mains. L’entièreté de son corps semble recouvert de fourrure, et possède une queue animale semblable à celle d’un cheval, en dessous de celle-ci l’on peut distinguer l’organe mâle reproducteur. Sa tête semble formée de plusieurs caractéristiques animales, comme des yeux et un bec de hiboux, ses oreilles sont plutôt longues et sur son crâne trône une magnifique ramure.
Son attitude, ainsi que son apparence ont soulevé dès sa découverte beaucoup de questionnement. Entre autres qui était-il et quelle était sa fonction ? Plusieurs propositions s'offrent alors à Henri Bégouën, Emile Cartailhac et L’abbé Breuil, grands pontes de leur époque. Dans un premiers temps ils penseront que ça pourrait être un homme déguisé pour la chasse à l’image de sa proie, mais ils se rendront vite compte au vu de sa morphologie animale multiple que ce n’est pas le cas. Dans un second temps, ils émettront l'hypothèse d’un dieu animal, vénéré en ce temps-là. Ou encore l’idée d’un chamane pratiquant un rituel d’avant chasse, afin que celle-ci soit fructueuse. Ou encore un chamane mais cette fois-ci en transe.

La scène du Puit de Lascaux
Dans un second temps, je vais vous présenter l’image d’un homme à tête d’oiseau retrouvé dans le Puit de Lascaux. Les peintures et les gravures que renferme la grotte de Lascaux n’ont pas pu faire l’objet de datations directes précises: leur âge est estimé entre environ -19 000 et -17 000 av J-C, à partir de datations et d’études réalisées sur les objets découverts dans la grotte. La plupart des préhistoriens les attribuent au Magdalénien ancien, sauf quelques-uns qui penchent plutôt pour le Solutréen qui le précède, voire pour le Gravettien.
Le personnage central est donc un homme dit « ithyphallique », d’une raideur cadavérique et à demi-renversé. Ses bras sont schématiques et terminés par quatre doigts comme les pattes d’un oiseau. Ainsi sa tête et celle d’un volatile pourraient être un moineau ou un poulet.
Sa position pourrait évoquer un oiseau mort, sur le dos, les « quatre fers en l’air ». A ses côtés se trouve, ce qui pourrait être un bâton surmonté d’un oiseau qui personnellement me fait penser à un canard de bain ou à un thermomètre de piscine, mais je m’égare...
Il existe plusieurs théories sur ce personnage, il est accompagné d’un auroch transpercé de trait qui pourrait être soit des flèches, soit des sagaies. En ayant connaissance de ce symbole de plus, on pourrait supposer que cet « être » serait mort au cours d’une chasse, on pourrait aussi lié à cette théorie le « bâton canard » qui pourrait être un propulseur ; objet servant à propulser une sagaie.
Certains ont aussi supposé que cet homme pourrait être un chamane costumé en transe, ce qui expliquerait son érection, sa tête d’oiseau afin de s'incarner en l’un deux et « le bâton canard » qui pourrait être un sceptre ésotérique.
Pour conclure cette première partie, on peut voir que l’image de la sirène telle qu’on la connaît aujourd’hui n’existe pas dans la Préhistoire. Cependant on peut aussi voir qu’il existe des êtres hybrides très anciens et notamment des hommes oiseaux.
Il n’est donc pas étonnant de mon point de vue, que les dieux égyptiens et par la suite les sirènes grecques, soit des êtres mi-humain, mi-oiseaux.
Merci d'avoir lu jusqu'au bout ce premier article et je vous retrouve bientôt pour la suite de mes recherches sur la créature fabuleuse qu'est la Sirène.
❤ Cœur sur vous ❤
Ma petite vidéo ❤
Annexes.
La grotte de Cosquer.
Le plateau de Gilf-Kebir
La grotte des Trois frères
Figure anamorphique
Chamanisme
Le Puit de Lascaux
La vidéo de claire
Le faux documentaire d’Animal Planet
Comments